Jour du souvenir - Rememberance Day 2018 - Cénotaphe Aylmer Québec
Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 29 décembre 2017
À l’heure des bilans et des réflexions, je termine l’année avec une dernière chronique sur cette aventure du Chemin de Compostelle qui a fait de 2017 une année spécialement marquante pour moi.
Je n’ai jamais été portée vers la randonnée. Une partie de moi ne voulait pas entreprendre cette longue marche. Une autre partie, toutefois, ne cessait de me rappeler à tous les jours qu’elle y tenait. J’ai acquiescé au printemps dernier, pensant qu’on pourrait revenir content de l’avoir fait, cocher ça et ne plus en reparler. Il n’en est rien. J’y pense à tous les jours, le Chemin me talonne. À la petite boutique où j’ai acheté mon équipement, j’ai lancé un « ouf, c’est cher ». La dame m’a répondu « mais, tu vas y retourner, ça va te servir plus d’une fois ». Je me suis dit qu’elle était malade, à mon retour ce serait un cas de kijjiji. Elle avait raison. Je vais y retourner.
QUELQUES RÉPONSES À DES QUESTIONS PRATIQUES QU’ON ME POSE
J’y suis allée seule, j’ai aussi marché seule la majorité du temps. Certains, mais peu, parcourent ce chemin en groupe organisé. J’ai rencontré des gens qui le faisaient avec un/une amie, en tandem père-fils, mère-fille, en couple. Pour certains ça semblait très bien se passer, pour d’autres vraiment pas.
Alors, comment on fait? On doit s’inscrire? Non. On décide d’une date, du temps qu’on a, du chemin qu’on veut entreprendre pour se rendre à Compostelle (plusieurs chemins possibles, j’ai choisi le Camino Francés, 800 km, départ Saint-Jean-Pied-de-Port, France), on achète son billet d’avion, son équipement, un guide et on s’entraîne à marcher, sac sur le dos – l’aventure extraordinaire est déjà commencée. J’ai acheté presque tout mon équipement à une boutique spécialisée « Compostelle », je ne le regrette pas du tout. L’Association Québec-Compostelle, chapitre Outaouais, est une ressource précieuse pour se préparer – information, préparation technique, marches d’entraînement et plus encore. Sur les chemins de Compostelle, on a besoin d’un « passeport de pèlerin » (la Credential) pour loger dans plusieurs hébergements. On peut se le procurer via l’Association mais on peut aussi se le procurer sur place. Estampillé là où l’on passe, il sert aussi à prouver notre parcours et donne droit à la Compostella, un certificat remis au pèlerin à Compostelle.
Au jour J, fébrile on prend l’avion. Malgré les préparatifs, on s’envole vers beaucoup d’inconnus…
Arrivé au point de départ, personne ne t’attends toi en particulier. On attend des pèlerins, c’est tout. Tu n’as pas à rendre de comptes à personne. Tu décides quand tu commences à marcher, le chemin est bien balisé, tu te débrouilles – mais l’entraide va de soi sur le Chemin. Comme je le mentionnais dans la dernière chronique, Éric, propriétaire du gîte à Saint-Jean-Pied-de-Port, insistait : « C’est VOTRE chemin, vous le faites comme VOUS l’entendez… » On n’est pas obligé de tout le marcher ce long chemin. On peut s’arrêter quand on le veut, prendre un bus ou un train pour un bout (quoique, certains villages n’ont de bus qu’une fois par semaine ou jamais!). Certaines gens font ce chemin en plusieurs étapes, sur plusieurs années. Moi, je me suis dit que j’avais peut-être cette seule occasion, j’ai donc décidé d’y aller pour la « totale ». C’est ce que je recommande si possible.
Oui, à vélo, c’est possible. En général, les cyclistes ne sont pas seuls et ne se mêlent pas trop aux autres pèlerins. J’ai eu l’impression que pour la plupart d’entre eux, c’est plus un défi sportif. Au fait, je n’ai parlé à aucun, alors, je ne sais pas vraiment. Chose certaine, c’est une toute autre expérience.
Pour dormir? Pas de problème. Il y a des refuges (albergues) pour pèlerins dans les villages, parfois même avec chambres privées, et plusieurs acceptent des réservations. Dans les grandes villes, il y a des hôtels (avec bain privé!). Les grands dortoirs coûtent moins cher. On fait le chemin comme on le veut, mais par bouts, c’est comme on le peut!
Et la bouffe? On s’attrape baguette/noix/saucisson/fromage pour la journée. Les villages ont des petits cafés-restos avec menus pour pèlerins pas chers incluant vin à volonté. Plusieurs albergues ont une cuisine que l’on peut utiliser. Pharmaciens et médecins sont assez faciles à trouver et se font un plaisir d’aider les pèlerins.
Je dois déjà m’arrêter. Si Compostelle t’appelle, j’espère t’avoir donné le p’tit coup de pouce qui te manquait pour t’y décider. Ça en vaut vraiment la peine, surtout si on part sans attentes.
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Saint-Jacques de Compostelle, 2 juin 2017
Il y a 8 ans, je ne savais rien du Chemin de Compostelle. C'est par hasard que j'ai aperçu un clip YouTube qui montrait un énorme encensoir qui était balancé d'un bord à l'autre d'une cathédrale, même au-dessus des fidèles.
J'ai passé beaucoup de temps quand j'étais jeune dans notre défunte église Saint-Paul. L'objet qui m'impressionnait le plus était l'encensoir. Je le trouvais tellement beau et la fumée odorante qui s'en échappait était pour moi un mystère. Quand j'ai vu ce clip, je me suis dit que je devais trouver cette cathédrale et m'y rendre un jour. Il s'agissait de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle.
C'est de là que c'est parti.
Compostelle a donc fait son chemin en moi depuis 8 ans et m'y voilà. Que d'émotions!
Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 16 août 2017
Lâcher sa job, changer de nom, divorcer, se marier, faire un ‘coming out’, tout vendre, méditer à cœur de jour ou être dans un état de zennitude permanente…Compostelle, le Chemin.
Avant d’entreprendre cette aventure, j’avais entendu toutes sortes d’histoires, souvent de gens qui connaissaient quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui en était revenu complètement transformé, plus du tout comme avant – changement de vie, changement de nom, etc. Depuis mon retour, on me pose des questions : As-tu changé? Qu’est-ce que ça t’a apporté? As-tu vécu un moment d’illumination? Le referais-tu? Plein de questions et je comprends. Ce Chemin de Compostelle est intriguant. De plus en plus de gens le parcourent, 800 km pour plusieurs, encore plus pour d’autres. Qu’y trouvent-ils? Y a-t-il là réponse à un certain mal être ou à une certaine quête qui habite la majorité d’entre nous? Je vois cette interrogation dans les yeux de ceux qui osent la laisser paraître. Le monde à son plus beau. Le monde qui ne sait pas, le monde qui se pose des questions, le monde qui cherche, le monde qui s’intéresse aux découvertes de l’autre…
À chacun son chemin. Éric, propriétaire de l’auberge Le chemin de l’étoile à Saint-Jean-Pied-de-Port, est très théâtral. Après le repas du soir, Éric se lève et prend parole. Conseils, anecdotes, météo du lendemain, rappel de prudence et surtout : « C’est VOTRE chemin, vous comprenez, VOTRE chemin et celui de personne d’autre. Vous le faites comme VOUS le voulez, comme VOUS le sentez. » Et il poursuit ainsi comme s’il était sur une grande scène. On se regarde les uns et les autres, on sourit, on se fait des grands yeux, on se demande ce qui nous attend, on ne dit rien. Puis on éclate de rire.
En chemin, je vais réfléchir à ci ou à ça… c’est ce que plusieurs s’étaient dits, moi aussi. Bien sûr, on s’imagine qu’on aura le temps, enfin, de réfléchir. Beaucoup de temps. C’est en partie vrai. Toutefois, la réflexion prévue concernait le passé ou le futur. Or dès le jour 1, il n’y a pas de passé, ni de futur, il n’y a que le maintenant. Fébrilité. Sac à dos bien ajusté. Passeport et cartes de crédit bien rangés. Les Pyrénées devant soi. Go!
Après on est dans l’épreuve physique, on ne réfléchit pas à ce qu’on devrait faire dans la vie, à comment régler tel problème ou telle situation. On est, malgré soi, dans le moment présent : surveiller son pas pour ne pas trébucher, boire de l’eau, trouver une baguette et un morceau de saucisson, avancer jusqu’à un refuge, laver ses quelques vêtements, figurer comment fonctionne la douche, inspecter ses pieds… Souper, dormir et demain ça recommence.
Au bout de 3 ou 4 semaines on se dit : « Hum, à quoi je voulais réfléchir donc? » Pour ma part, je ne m’en souvenais plus trop, c’était flou et ça n’avais plus d’importance. Je découvrais le « maintenant », rien avant, rien après. Tout ce que la vie demande de nous c’est d’accepter de respirer, d’avancer peu importe la direction et d’être ouvert à ce qui se présente, mais de respirer. Dans la vie de tous les jours, on ne respire pas vraiment. Peur de mourir, on retient notre souffle. Sur le Camino, ce n’est pas la « vie de tous les jours », disons. On respire par la force des choses. Ça donne un aperçu, toutefois, de ce que pourrait être une autre vie de tous les jours. Ça présente des possibles qu’on pensait peut-être impossibles. En parler à son retour? Pas sure. Les commentaires passent vite à « Là, il ne faut pas être impulsive, il faut être raisonnable, il ne faut pas tout balancer, donne-toi du temps (du temps? Bâzouelle, comme si toute une vie n’avait pas été assez de
temps!)… »
Au fait, ce que disait Éric (le savait-il?) : « C’est VOTRE vie, vous comprenez, VOTRE vie et celle de personne d’autre. Vous la vivez comme VOUS le voulez, comme VOUS la sentez. »
Je reviens comment, alors? Changée? Oui et non. Au fil des kilomètres se sont installées des confirmations. C’est au fil des jours post-Camino qu’elles s’imposent. J’écris cette chronique alors que je suis au pays des baleines sans internet. Je ne peux donc pas vérifier l’histoire exacte de l’Alchimiste (de Paulo Coelho) qui me vient à l’esprit. Il cherchait sa légende personnelle; il me semble qu’il a fini par payer tout ce qu’il avait pour obtenir des réponses qu’il connaissait déjà.
Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 9 août 2017
Que d’émotions quand je pense à toutes ces rencontres au fil des kilomètres. La semaine dernière j’avais entrepris d’écrire sur les pèlerins. Je relis la chronique dans le but de poursuivre et j’ai la chair de poule. Remplie de gratitude. Honnêtement, je les trouvais un peu fatigant les ex-caminotiens qui parlaient de ces rencontres... Là, je les comprends. Des rencontres précieuses.
Je disais donc (dans la dernière chronique), « À l’approche de la Cruz de Ferro, les deux filles de Jérusalem. » Cette croix de ferre se situe à 1 500 mètres d’altitude (après environ 570 km de marche), soit le plus haut point sur le Camino francés. Il y a plusieurs théories et légendes entourant son symbolisme mais chose certaine, depuis le 11e siècle, la Cruz de Ferro est un jalon important du Camino. La tradition veut que les pèlerins transportent avec eux, depuis le début du chemin, une pierre qui représente un « poids » qu’ils traînent avec eux dans la vie. Ils déposent la pierre au pied de la croix et s’en libèrent.
En tout cas, je marchais seule et j’aperçois au loin la fameuse croix. J’avais imaginé ce moment, le recueillement, etc. comme dans le film « The Way ». Là, j’y suis presque et un flux d’émotions m’envahit. J’enlève mon sac pour y pêcher ma mosusse de pierre, j’essaie de remettre mon sac, j’ai d’la misère et j’éclate en sanglots. Arrive à mes côtés une fille qui m’aide à remettre mon sac et à l’attacher en gardant une main bienveillante sur mon épaule. Arrive une deuxième fille (femme) qui me regarde un instant, se met à pleurer et me dit dans un anglais boîteux « Je comprends tout ». Les deux filles de Jérusalem. On se rend ensemble à la Cruz. L’une d’elles offre de me prendre en photo avec mon cellulaire. Au pied de la croix, il y a une montagne de pierres – des pierres ordinaires, d’autres décorées, des messages, etc. J’entreprends de grimper le monticule de pierres pour la photo. La fille me crie « non, non, ne marche pas sur les problèmes des autres! » Bâzouelle, en un saut pis un pet j’ai déguerpi de là, essuyé mes semelles et me suis placée à la base pour la photo. Alors que je m’étais imaginé déposer solonellement la pierre, elle me dit « Allez, lance-la, débarrasse-toi de ça! ». Moment de bonheur.
J’ai marché le reste de la journée avec les deux filles de Jérusalem. Malgré la barrière de la langue, on s’est bien débrouillées pour communiquer l’essentiel. Elles passent deux semaines par année sur le chemin, lentement, en appréciant chaque pas, chaque rencontre. Elles ne marchent pas comme les autres. En route, elles m’ont demandé de leur chanter quelque chose en français. « Mille après mille… », la chanson de mon camino s’est imposée. Elles ont chanté le refrain avec moi à répétition, ont enregistré la chanson sur leur cellulaire. Elles comptaient la répandre dans leur coin. L’une d’elles a un fils qui chante dans les rues… il allait la chanter dans les rues de Jérusalem. « Un jour quand mes voyages auront pris fin, et qu’au fond de moi j’aurai trouvé, cette paix… ». Chair de poule, larmes de joie.
Sur le camino, les nouvelles circulent, c’est capotant. Tu apprends ce qui s’est passé hier à 200 km en avant ou en arrière. Or, j’avais entendu parler d’une femme qui était tombée face première dans une descente, l’ambulance était venue la chercher. Ben, deux jours plus tard, en pause sur un muret, je l’ai vue passer, je ne pouvais pas me tromper. Je lui ai dit « Oh lala, c’est toi! Comment vas-tu?» On a échangé un moment. Son visage était complètement meurtri, enflé, bleu-rouge vin, un œil fermé. Elle était partie de Burgos, chute au jour 1. Elle avait décidé de poursuivre. Je l’ai revue quelques fois au cours des jours suivants et après non. Plusieurs semaines plus tard, alors que j’assistais à la messe à la cathédrale de Santiago avec le botafumerio (géant!) qui se balançait au-dessus de nos têtes, je l’ai aperçue. Elle était là. Ça avait tout guéri. Je l’ai reconnue par ses cheveux et son regard. Elle s’était rendue à destination! Chair de poule, larmes d’empathie.
Paul, un américain de 79 ans, voulait se prouver qu’il pouvait réaliser un tel périple. J’ai marché avec Paul le jour 2. On a eu des conversations super intéressantes. Il avait réservé ses premières nuits dans les auberges. Arrivés à Espinal, où il avait une réservation, il s’arrête et cherche désespérément son papier. Moi, j’avance, je l’attends plus loin. Il cherche toujours. J’ai envie et ça presse. Je finis par trouver une toilette. J’en ressors et Paul est disparu. Je ne l’ai plus revu. J’espère qu’il a pu se rendre au bout de son rêve, je pense à lui souvent.
Camino francés 2017 - Marche avec moi - partie 8
Camino francés 2017 - Marche avec moi - partie 5
Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 2 août 2017
À la demande populaire, je poursuis… avec mes nouvelles en retard (!) de mon périple du printemps 2017 sur le Camino francés. Je me disais qu’il y avait quand même une limite avec des nouvelles en retard dans un hebdomadaire. Mais finalement, des histoires du Chemin de Compostelle se racontent en tout temps. Plusieurs rêvent de l’entreprendre, certains en sont curieux, d’autres s’y préparent et ceux qui l’ont déjà parcouru ne se lassent pas d’en parler
N’ayant pas pris de notes en route, je ne pensais pas en avoir autant à écrire. Au fait ce fut probablement bon de ne pas avoir pris de notes puisque je serais peut-être prise avec « aujourd’hui, réveil à 7 h, banane et yogourt, partie à 8 h, salué un tel qui partait après moi, transporté trop d’eau, il a plu, arrêtée après 8 km à Molinesaca et mangé une tortilla, passée deux fois à la toilette pour m’assurer d’avoir la vessie complètement vide avant de reprendre la route… platement zetcétéra. » Bon, j’exagère un peu.
Aujourd’hui, mon cœur a envie parler des pèlerins.
« Buen Camino »
C’est la tradition, on se croise sur le sentier et on se dit « buen camino » (bonne route, bon chemin). En partant de Saint-Jean-Pied-de-Port, point de départ pour plusieurs, les « buen camino » sont pleins d’enthousiasme, d’énergie, de grands sourires. On se tourne la tête pour répondre, c’est trippant. On est pas mal tous dans un état de fébrilité et d’émerveillement devant cette aventure inouïe qu’on entreprend, certains seuls, d’autres en petits groupes. Ça m’a beaucoup fait rire toutefois de me rendre compte qu’à mesure que les jours passaient, les « buen camino » devenaient de plus en plus faibles. On ne se tourne plus la tête, juste les yeux, pour répondre, mais on offre quand même un « buen camino ». Au bout de quelques semaines, on commence même à entendre quelques faibles « holà » On commence à être fatigués, mais on se salut quand même.
Toutefois, en fin de journée, après avoir trouvé où loger, déposer son sac et pris une douche, on a un regain d’énergie. C’est alors assez joyeux sur les terrasses remplies de pèlerins, on raconte les anecdotes du jour, on se donne des nouvelles d’un ou l’autre qu’on a croisé pendant la journée, on déconne. Rencontres et convivialités internationales précieuses. On y retrouve des gens qu’on n’a pas vus depuis quelques jours, qu’on croyait peut-être « finito ». Parfois on a l’agréable surprise d’entendre parler Québécois à la table d’à côté. On découvre des gens extraordinaires, parce que juste ordinaires, à leur naturel. Ça, c’est rare.
Élaine, Tina, Mario, Jean-François, Benny, Joeri, Suzanne, Kerry-Ann, Dom, Jess, Rachel, Paul, Ariana, José, le Polonais, les deux filles de Jérusalem et tant d’autres.
Sur le chemin, j’ai rencontré plein de bon et beau monde qui m’ont marqué beaucoup plus que je n’aurais voulu le croire au départ. Pas besoin de forcer la chose, une camaraderie s’installe sans même devoir se parler. Il y a le Polonais, je le cherche toujours. Je ne me souviens pas de son nom, il y avait tant de noms. Je l’ai croisé et recroisé pendant quelques semaines. On échangeait quelques mots, quelques rires, quelques essoufflements. Un jour, ça faisait plusieurs heures que je marchais seule dans une forêt sans croiser qui que ce soit et tout à coup, surprise, le Polonais est là, juché sur une grosse roche. Gros sourire, il m’offre immédiatement un morceau de saucisson et de baguette, juste comme ça. Je prends quelques bouchées, « buen camino » et je repars. Ça me chicotte, la dernière fois que je l’ai croisée, imagine, je suis repartie en faisant des folies, en chantant « Hit the road Jack, and don’t you come back no more… ». Mé vieux, je ne l’ai plus jamais revu! Hum… p’tite peine.
Où est passé Mario? Un grand gars sympathique, qui marchait pas mal vite, sans problèmes physiques, il l’avait l’affaire. J’ai retenu qu’il n’avait pas les chevilles raides, il bondissait joyeusement en marchant. Ça m’a bien servi de l’imiter.
Un jour, alors que je n’avais rencontré personne depuis un bon bout, je me suis retrouvée mal prise dans un mauvais passage. Précipice (et j’ai le vertige!), marches douteuses pour monter, j’étais comme coincée, rendue à genoux pour essayer de grimper. Tout à coup j’entends (en anglais), « Attends-moi, j’arrive, attends-moi, je vais t’aider! ». Une fille inconnue arrivait à mon secours. Une Hollandaise. On a marché ensemble pour un bout. Je ne l’ai pas revue.
À l’approche de la Cruz de Ferro (croix de ferre), les deux filles de Jérusalem… Ben là, il va falloir que je te raconte ça la semaine prochaine, j’en ai trop à dire.
Buen Camino - Marche avec moi -- partie 4
Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 21 juin 2017
Dans ma dernière chronique, qui remonte au 10 mai dernier alors que ça faisait 9 jours que je marchais sur le Chemin de Compostelle, je mentionnais que j’allais donner d’autres nouvelles si je rencontrais un autre ordinateur. Or, ce n’est qu’au jour 30 que je me suis retrouvée dans un albergue (genre d’auberge de jeunesse pour pèlerins de tout âge) dans lequel il y avait un ordinateur qu’on pouvait utiliser. Un dimanche soir, 21 h, c’est mon tour à l’ordi. J’écris une chronique que je compte réviser et envoyer à l’éditrice le lendemain matin avant de quitter le refuge.
Je dors comme une roche sur le Camino, même dans les lits superposés des grands dortoirs. Eh bien, lundi matin, je me réveille en sursaut à 7 h 45 et il n’y a plus un chat dans la place. Je n’avais rien entendu, même pas le monsieur au-dessus de moi quand il est descendu du lit bruyant. Trop tard pour récupérer ma chronique dans l’ordi et l’envoyer, il fallait être sorti de l’albergue à 8 h. Je n’ai pas croisé d’autre ordinateur public, me voilà donc rendue à Aylmer et je résume ce que j’avais alors écrit :
Jour 30 sur le Chemin de Compostelle
Je suis rendue à Sarria, soit à environ 113 km de Santiago. Les ordinateurs publics sont rares sur le Camino qui passe par des petits villages qui comptent souvent beaucoup plus de vaches que de résidents. Chose amusante, souvent les vaches se promènent dans les ruelles tout comme les chiens ou les coqs.
On a beau avoir lu sur le sujet avant d’entreprendre le chemin, on ne peut pas savoir ni comprendre à moins de le vivre. De toute ma vie, c’est ce que j’ai fait de plus difficile. Tous ceux et celles, surtout celles, à qui j’en parle, peu importe leur âge ou leur nationalité, me disent la même chose. L’autre jour – ou était-ce l’autre semaine, je ne sais plus – après plus de 20 km sous le soleil (37 degrés!), j’arrive dans la cour d’un albergue et un gars était debout là, pieds nus et évidemment déjà douché. Il me regarde et me dit en anglais : « I know, it’s hard, very hard… ». J’ai fait un signe de tête sans plus et me suis rendue de peine et de misère à la réception espérant qu’il restait une place pour dormir. Fiou, j’ai un lit. Je n’ai toutefois pas dormi de la nuit à cause d’une infection importante à un orteil. Transport d’urgence vers une clinique quelques villages plus loin le lendemain matin.
J’avais pourtant mon plan B avant de partir. Si quelque chose arrive et que je ne peux plus marcher, j’achèterai un billet de train et j’irai visiter l’Europe. Mais non, une fois entrepris, le Camino a comme une « patte » sur toi. Son emprise est très forte. Ultreïa, ultreïa (plus loin, au-delà, allons)! Au fait, ça m’émeut beaucoup. Donc, antibiotiques pour l’infection et le lendemain je repartais. Je me disais que je n’avais jamais vécu rien de pareil. Mais, à bien y penser, c’est ce que j’ai fait toute ma vie… Ultreïa, ultreïa, peu importe les embuches, malgré les douleurs et les épreuves de la vie, j’ai continué d’avancer, de marcher sur le camino de cette vie dans laquelle j’ai été déposée.
Dans un texto Messenger, j’écrivais à une amie que c’était comme « remarcher ma vie ». Drôle d’affaire, le correcteur automatique de mon nouveau téléphone intelligent a changé remarcher pour démarcher lors de l’envoi. L’amie me répond : « démarcher? ». Je réponds « non, remarcher » et le correcteur s’active à nouveau. Alors voilà, je me suis dit que je démarchais donc ma vie. C’est sûrement un signe (!). On devient un peu dingue sur le Camino. Il y a des « signes » qu’on ne peut s’empêcher de voir ou de reconnaître ou encore de s’inventer.
Depuis Pamplona (600 km d’ici), il y a des coquelicots au bord du chemin qui ne cessent de me chuchoter « Je me souviens », comme un mantra. Ils sont toujours là. Un autre signe. Je me souviens de quoi, bâzouelle? Conclusion de pèlerine quasiment en transe : « Si je démarche ma vie, je me souviendrai donc de qui j’étais avant de l’entreprendre. Super! » J’te l’dis, on devient un peu dingue sur le Camino. Ça fait rire et ça fait pleurer.
Aujourd’hui, j’ai marché 20 km, d’abord dans le brouillard (ou était-ce dans les nuages?), en suite en plein soleil pour finir dans un gros orage avec pluie, vent, tonnerre et éclairs. J’ai chanté presque tout le long, jonglé à la majorette avec mes bâtons de marche et j’en passe. Un état de bonheur et de plénitude comme j’en avais rarement vécus. Ça valait la peine de poursuivre.
Je te reviens bientôt avec d’autres nouvelles en retard.
Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 10 mai 2017
Voilà, tu as deviné,je suis sur le Chemin de Compostelle – Camino francés vers Santiago de Compostela. Ce chemin est le plus parcouru, il traverse l'Espagne. Au fait, il commence à Saint-Jean-Pied-de-Port en France avec une traversée des Pyrénées pour ensuite se poursuivre en Espagne, sur 780 km. Toute une aventure. En ce moment, je suis assise sur une terrasse à Logroño, après environ 190 km de marche. Je suis maintenant convaincue que les km espagnols sont plus longs que les km canadiens.
Je loge à l'Hostel Entresueños, adjacent à la cathédrale de La Redonda. Impressionnante cette cathédrale. Celle-là je vais la visiter. À date, je n'ai visité aucune église (pourtant réputées pour leur architecture, leur histoire et même leurs miracles). Les 10 mètres de plus à marcher pour s'y rendre étaient tout simplement de trop (!). J'ai les pieds en compote. Enfin, ce beau refuge pour pèlerins (ils ne sont pas tous beaux mais la majorité sont relativement bien) a un ordinateur dont je peux me servir pour écrire. J''en profite.
Ça fait 9 jours que je suis sur le Camino. Je pensais écrire dans mon journal à tous les jours – baff, pas pantoutte, trop crevée. C'est une épreuve physique pas ordinaire. Je ne savais pas que ce serait aussi difficile/éprouvant et je ne suis vraiment pas la seule. Plusieurs, tout comme moi, s'étaient imaginés qu'après la traversée des Pyrénées (première étape), la suite serait relativement facile, soit de marcher 20 à 25 km par jour, bagage sur le dos, eau en plus... déjà pas si facile. Ô surprise! Ce n'est vraiment pas le cas, c'est quasiment toujours en montagne, c'est comme les Pyrénées sans fin. Ça monte et ça monte encore, des centaines de mètres sur de courtes distances pour ensuite descendre et descendre encore, des descentes raides souvent sur des sentiers de cailloux. Toujours aux aguets
Déjà, je croise plusieurs personnes blessées – jambes/chevilles cassées/foulées ou encore tendinites = finito el Camino; d'autres ont dû se munir d'attelles pour genoux à cause de ligaments déchirés ou problèmes de rotules, et j'en passe. Alors, je marche lentement. Les descentes? Soit en 'slalom' me servant des bâtons de marche comme en ski, soit en minis pas de jogging (je me sens comme une p'tite vieille japonaise). Des fois j'en ris aux éclats et des fois j'en bavasse un coup.
Les paysages sont magnifiques, souvent à en couper le souffle. Ça, je ne m'y attendais pas du tout. Agréable surprise et je prends donc beaucoup de photos. D'ailleurs, j'en ai publiées plusieurs sur Facebook. Si tu veux les voir, tu n'as qu'à me faire une demande d'amitié Facebook (Carolle Bertrand) et tu y auras accès. Un jour, quand je serai moins fatiguée, je publierai tout ça sur mon blogue.
Il y a 8 ans, je ne savais rien du Chemin de Compostelle. C'est par hasard que j'ai aperçu un clip YouTube qui montrait un énorme encensoir qui était balancé d'un bord à l'autre d'une cathédrale, même au-dessus des fidèles.
J'ai passé beaucoup de temps quand j'étais jeune dans notre défunte église Saint-Paul. L'objet qui m'impressionnait le plus était l'encensoir. Je le trouvais tellement beau et la fumée odorante qui s'en échappait était pour moi un mystère. Quand j'ai vu ce clip, je me suis dit que je devais trouver cette cathédrale et m'y rendre un jour. Il s'agissait de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle.
C'est de là que c'est parti. Compostelle a donc fait son chemin en moi depuis 8 ans et m'y voilà.
Je suis ici pour 7 semaines, on verra ce que mes pieds me laisseront faire (800 km, c'est long longtemps, surtout en montagne... ouulala). Mais, chose certaine, le Chemin me mènera où il veut bien me mener. Ça, je le crois et ça m'enchante.
Les lumières s'éteignent, les pèlerins se couchent tôt. Qui sait, je rencontrerai peut-être un autre ordinateur et pourrai te donner d'autres nouvelles!
Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 28 septembre 2016
En ville…
--- Résultats visibles en 7 jours
Je ne suis pas la seule à s’être faite avoir… je vois un peu partout cette espèce de GROS GÂzon… soit-disant merveilleux, croissance 2x plus rapide et dense avec résultats visibles en 7 jours. Là-dessus, ils n’ont pas menti… mé vieux, c’est d’la « mauvaise herbe », genre « crab weed »! J’en suis rendue à espérer qu’avec l’arrivée d’un nouveau propriétaire américain, on aura droit à des spéciaux de « Kentucky Bluegrass ». Ça, c’est du beau gazon, plaisant et doux pour nos pieds nus.
En ville depuis moins d’un an, moi aussi j’essaie de contrôler la nature. Une espèce d’urgence qui me vient de je ne sais où, peut-être qu’on attrape ça en ville. Pendant 38 ans, j’ai habité le secteur rural d’Aylmer. Je laissais tout simplement la nature faire son affaire. Dans une forêt de cèdres, deux ou trois fois, j’ai coupé une branche ou deux qui se courbaient sur ma voiture dans l’entrée. À part ça, je laissais les cèdres vivre comme ils le devaient, comme ils savaient très bien le faire. Le gazon? Je l’arrosais une ou deux fois par été, je le laissais faire et il s’en tirait très bien. En ville? C’est l’enfer.
--- Des bibittes
Y a plein de bibittes en ville, plus qu’à la campagne. Devant chez moi, un tilleul bien feuillu. J’ai d’la chance puisque d’autres ont des frênes sans feuilles. Mon tilleul doit être sucré puisque des centaines d’abeilles y butinent à cœur de jour; je ne vois pas leur nid. Quand j’ai demandé conseil à la pépinière, on m’a dit que ce doit être des scarabées japonais. On m’a montré une photo. Ce n’est pas ça, ce sont des abeilles. Toutefois, j’ai aperçu 2 de ces scarabées sur une feuille de mon olivier. Le scarabée japonais attaque le feuillage. Il mange, disons, la chair des feuilles et ne laisse que les nervures.
Faute de baleines, j’observe les bibittes. Munie de mes jumelles, je cherche le nid des abeilles, je me rends compte qu’on a aussi peut-être un problème de scarabées. Super. Des forums sur la toile m’informent qu’il n’y a rien à faire pour les scarabées à moins que tout le voisinage s’y mette, comme pour les pissenlits. Il y a aussi les mouches. Tsé, les fatigantes qui chatouillent. Je connaissais les noires, mais en ville, il y en a des vertes – beau vert métallique fluo. Paraît-il que les vertes se nourrissent d’excréments et que les bleues métallique fluo se nourrissent de cadavres. Fiou, j’ai des vertes!
--- En ville, Aylmer… parapatatata paratatatata
Mitraillettes ? De l’autre côté de la rivière, le Connaught Range. Rappel constant qu’on se prépare pour la guerre, que celle-ci nous guette. C’est quand même intense, jour, soir, fin de semaine. Pas reposant pour les réfugiés qui viennent de fuir des bombardements. Nos conseillers discutent-ils avec les intéressés pour trouver une solution à cette pollution SS (sonore et stressante)?
--- Plus de chiens que d’enfants
Emménageant en ville, je m’étais dit que je trouverais peut-être difficile d’entendre plein d’enfants dans les cours avoisinantes, dans la rue ou dans le parc à proximité. Il n’en est rien. Des chiens. C’est hallucinant. Je vois rarement des parents passer avec leurs enfants, je vois plutôt des gens passer avec un, deux ou trois chiens, direction parc. Pas n’importe quels chiens… de grands ducs de chiens, à la démarche sophistiquée, princière même. Bon, il y a aussi des espèces de p’tits et gros jappeurs fatiguants que l’mosusse dont je me passerais bien.
--- Les voisins sont proches
C’est ce qui me faisait le plus peur en arrivant en ville. La proximité des voisins. Finalement, je suis agréablement surprise de me retrouver bien entourée, d’apprécier les « Bonjour Carolle » d’un voisin qui a plein de soleil et de joie dans la voix, même quand il fait gris, et d’être toute excitée/émue de voir un nouveau-né nous arriver juste à côté.
C’est donc une nouvelle vie que j’apprivoise. En campagne, on a le sentiment d’appartenance à la terre, à la nature. En ville, c’est le sentiment d’appartenance à une communauté qui nous invite.
Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 7 septembre 2016
Au fait, ce n’est pas tout à fait en direct puisque j’écris alors que je suis revenue à la maison depuis quelques jours. C’est toujours difficile de me décider à revenir. Comme je te le racontais dans la dernière chronique, il y a plus de baleines cette année dans le secteur des Escoumins et des Grandes Bergeronnes – enfin, plus que les dernières années mais toujours rien à comparer à il y a 20 ans.
Je mentionnais la visite surprenante de baleines noires qui en a fait parler plusieurs. Comme par un heureux hasard, l’émission La semaine verte (Radio-Canada) présentait le 27 août un reportage sur la baleine noire. On y expliquait justement les changements de trajectoires de cette baleine qui compte parmi les espèces menacées et du fait qu’elle commence à fréquenter le golfe du Saint-Laurent, du jamais vu. Jusqu’à récemment, c’est dans la baie de Fundy qu’elles passaient la saison estivale. On ne sait pas pourquoi, au juste, elles migrent ainsi. C’est peut-être à cause du déplacement du plancton. « Les baleines vont nous enseigner à quel point l’océan Atlantique Nord est en train de changer », conclut la chercheuse Moira Brown. On peut visionner l’émission sur ICI.Tou.tv.
Bon, assez sur la baleine noire. Imagine qu’on a aussi eu la visite d’une baleine à bec commune dans l’estuaire. Je ne l’ai pas vue personnellement, mais une amie naturaliste qui travaille depuis quinze ans comme guide d’excursions en zodiac dans le secteur m’a raconté son étonnement en voyant cette baleine qu’elle ne connaissait pas. Ils ont dû faire une recherche Google pour l’identifier!
J’ai passé trois semaines au pays des baleines, en camping, sur le Cap 1 du Paradis marin. Certains me demandent qu’est-ce que je fais là pendant trois semaines. C’est simple, j’observe les baleines et je dessine (tu peux voir quelques dessins sur mon blogue www.carollebertrand.canalblog.com). Jumelles toujours autour du cou et toute ouïe, des heures et des jours durant, j’attends la prochaine baleine et à chaque fois je suis émerveillée.
Un matin d’épais brouillard et de fleuve calme, je l’entends… c’est la bleue, c’est certain. On ne peut pas se tromper, le souffle de la baleine bleue s’entend à des kilomètres, un son qui rappelle celui d’un tuyau d’orgue. Je vais voir mon voisin de camping, M. DeRépandverre (voisin depuis plus de 10 ans!), pour lui dire que la BLEUE est là, quelque part devant nous. Et puis on l’entend souffler à nouveau. On capote. Le brouillard finit par se lever et on la voit, elle montre la queue lors de sa plongée. C’est Jawbraker! Ô surprise, plus au large, une autre bleue, puis une autre. On entend et on voit leur souffle (plus de 6 mètres de hauteur). C’est vraiment une « bonne année ». Finalement, j’ai su que sept bleues étaient arrivées dans le secteur devant le Paradis marin ce jour-là. Ça, c’est rare. Et elles y sont restées pendant plusieurs jours.
On l’appelle la « bleue », mais au fait c’est un rorqual bleu, le plus gros mammifère de la planète. Il peut mesurer jusqu’à 30 mètres et peser jusqu’à 190 tonnes (plus de 380 000 livres!). Sa langue? 4 tonnes! 8 000 livres! Son cœur? Gros comme une voiture, 500 kg! Inimaginable… quand on pense que le plus grand dinosaure n’aurait mesuré que 24 mètres et pesé que 36 tonnes.
Nouvelle de dernière heure – Alors que j’écris cette chronique, je reçois une nouvelle du pays des baleines : un zodiac est entré en collision avec une baleine au large des Grandes Bergeronnes. Le zodiac a été projeté 2 mètres dans les airs, le capitaine et un touriste ont été éjectés. Heureusement, un touriste à bord savait manœuvrer un engin du genre et les deux éjectés ont pu être repêchés sains et saufs. On ne connaît pas l’état de la baleine, on tente de la retrouver. Selon ma source au pays des baleines, il s’agirait d’une bleue!
Évidemment, j’ai fini par quitter le paradis, 695 km pour revenir à Aylmer. Difficile de partir, mais une fois sur le traversier de Tadoussac, tout à coup, j’ai hâte d’arriver chez moi. La route est stressante par bouts, il y en a toujours qui sont plus pressés que moi et il me semble que Charlevoix « montagne » plus que jamais. Je suis donc revenue dans ma p’tite case en ville, dans mon enclos où, comme mes voisins, j’essaie en vain de contrôler la nature… gazon, arbres, fleurs séchées, scarabées japonais, tomates qui ne « tomatent » pas fort, etc. J’pense qu’on ne l’a vraiment pas l’affaire!