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Et si demain...       Carolle Bertrand
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26 décembre 2012

Neige, patinoires, carnaval...

Carolle Clin Oeil de la vie                                                                                                             

Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 26 décembre 2012

Bon, on a réussi à survivre à la fin du monde puis à Noël, on respire un peu, on est encore là. La Bolduc est déjà à la radio pour nous mettre dans l’esprit de « C’est dans l’temps du Jour de l’an ». C’est drôle que ce soit encore cette musique qu’on joue de nos jours, puisque la plupart des moins de trente ans ou même moins de quarante, n’ont pas connu ce genre de rencontres typiquement ‘Canadien-français’ avec tout l’monde dans la cuisine, le violoneux, les chansons, les sets carrés pis « tout l’monde balance et pis tout l’monde swing ». Ça ne leur dit absolument rien.

            Bien qu’il n’y avait pas de cadeaux, franchement, je préférais les festivités familiales du Jour de l’an à celles de Noël. C’était plus joyeux, il y avait moins de ‘discussions’, la musique avait le dessus. Je ne me souviens pas quand et pourquoi cette tradition a commencé à s’estomper. C’est peut-être quand le village s’est mis à se transformer en ville ou plutôt quand les gens du village se sont mis à se transformer en gens de ville.

            Je me posais justement la question à savoir qu’est-ce qui fait ‘un village’, le nombre de ses habitants ou l’esprit de la place? J’opte pour l’esprit. D’abord, à peu près toutes les rues avaient un trottoir; ça fait une différence, les trottoirs. On se déplaçait à pied, on connaissait tout le monde sur notre rue et à peu près tout le monde sur les autres rues. Il y avait aussi les commères… je me souviens surtout de messieurs Untel et l’Autre, mais aussi de Mme Chipie qui épiait tout le monde de sa fenêtre – on l’savait qu’elle nous ‘checkait’. On passait beaucoup de temps dehors, même les adultes. Mais les enfants? Presque toujours dehors. On les voyait partout, ils marchaient le long de la Principale aussi. À bien y penser, c’est rare maintenant qu’on voit des enfants marcher sur les trottoirs, même au cœur du Vieux-Aylmer. Où sont passés les enfants? Qui les a chassés? ou kidnappés?

La neige

            De la neige, on n’en manquait pas, surtout du fait qu’on n’était pas très équipé pour la ramasser. D’immenses bancs de neige s’accumulaient donc le long des trottoirs et devenaient source de jeu – glisser, faire des forts avec des tunnels communicants auxquels on travaillait pendant des jours avec des petites pelles et même des cuillères pour creuser. Qui n’a pas mangé une bonne poignée de neige fraîche? Miam. De temps à autre, je m’en permets encore une. Pour se protéger des rhumes : un p’tit carré de camphre dissimulé dans notre camisole.

            « Hey Modeste! Mon toit a besoin d’être pelleté! » Modeste, c’était mon grand-père. Au fait, il s’appelait Augustin, mais connu sous le nom de Modeste (un surnom?). En hiver, il remontait la Principale avec sa pelle sur l’épaule. Des gens sortaient comme ça et le ‘câllaient’ au passage pour faire déneiger leur toit.

Les patinoires

            Les patins étaient presque aussi importants que les bottes d’hiver. Quand on faisait des paniers de Noël pour les ‘pauvres’, on pensait aux patins. Tous les jeunes avaient besoin de patins. Les patinoires, extérieures bien sûr, étaient au centre de notre hiver. C’est à la patinoire Limoges (là ou se trouve maintenant l’école) que ça se passait. Un petit bâtiment pour aller enfiler nos patins et réchauffer nos pieds près du poêle à bois, le gentil monsieur aux cheveux blancs qui s’occupait de la place, Bidou ou était-ce Pitou? On ne manquait pas d’heures de patinage libre. Et en soirée… les lumières, la musique sur laquelle on patinait, tous dans le même sens, souvent main dans la main avec un prétendant (avec permission des parents!), patte en l’air à la Barbara Ann Scott. Ça, j’avoue, c’est un vraiment bon souvenir. Même par les pires froids, on y était, poivre dans les patins ou les bas pour ne pas se geler les orteils.

            En plus du hockey, il y avait du ballon-balai et même des équipes de filles. Nous, nous étions l’équipe des Montagnards et Chich était notre coach.

Le Carnaval

            Quand tout l’monde se connaît, ça fait une sorte de carnaval difficile à reproduire aujourd’hui. Il a dû s’étendre sur une semaine. La patinoire Limoges y était au cœur, c’est là que le Bonhomme Carnaval faisait son apparition : Ouverture du carnaval avec important concours de costumes, soirées de joutes de hockey et de ballon-balai, autres jeux. Sur la Principale, entre les hôtels Aylmer et British, les fameuses courses de crêpes (pour femmes, bien sûr). Avec une crêpe (cuite!) dans un poêlon en fonte, elles devaient la ‘flipper’ un certain nombre de fois pendant la course qui se terminait devant ‘la’ British. Les courses avec l’œuf (pas cuit!) dans la cuillère nous ont fait beaucoup rire. Si je me souviens bien, une fois ou deux, on avait eu droit à une glissoire extraordinaire : une grosse structure de bois devant ‘la’ British (comme pour les courses de boîtes à savon à l’été) servant de rampe et hop, on glissait quasiment jusqu’à la rivière.

Aujourd’hui

            Il semble que ça avait du bon, surtout pour le sentiment d’appartenance à une communauté (non virtuelle!). Les fêtes de quartier de plus en plus populaires tentent de réanimer ce qu’on croyait mort à tout jamais. Tant mieux. Serait-ce aussi l’idée des ‘villages urbains’?

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Commentaires
S
Super série de chroniques sur Aylmer. Merci beaucoup.
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