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Et si demain...       Carolle Bertrand
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15 août 2013

En direct du pays des baleines

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Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 14 août 2013

       On est à la mi-août, me voilà de retour sur les rochers des Bergeronnes, en camping au pays des baleines. Rien à faire, c’est comme ça à chaque année, les baleines m’appellent. Pour moi, et pour bien d’autres, c’est « winner » comme on dit. Il faut le voir, l’entendre et surtout le sentir pour comprendre. D’une manière subtile ces gardiennes du savoir (les baleines) nous racontent/transmettent quelque chose de très important mais qu’on ne saurait mettre en mots.

Pause// Tout le monde sur le Cap 1 du « Paradis marin » s’énerve, applaudit. Sylvain s’écrit « Shanouk, viens voir ça! » Je viens de manquer une ‘queue’, peut-être même une ‘flip’! Je m’étais installée dans ma voiture pour écrire, question de mieux voir à l’écran de mon ordi. C’est donc une baleine à bosse qui est devant le cap, ils en sont certains puisqu’ils ont vu sa queue, différente de celle de la baleine bleue. Elle devrait sortir à nouveau dans environ 11 à 13 minutes, j’ai le temps d’écrire encore quelques mots.//

       Il faut vivre ça au moins une fois dans sa vie. C’est chez nous, au Québec! La première fois que je suis arrivée ici, ce fut par accident. Imagine, je pensais avoir réservé un chalet dans les Laurentides. La veille du départ, j’ai appris que j’avais réservé un chalet sur la Côte-Nord. Découragée de prendre la direction du froid, je me suis tout de même rendue avec mes filles, ignorant, à l’époque, qu’on avait des baleines au Québec. Comment ça qu’on ne nous l’a pas appris à l’école?

---- Coup de cœur!

Quelle surprise, quelle belle découverte j’ai faite. J’y reviens donc encore et encore, année après année, depuis vingt ans déjà.

Pause // Oh saperlipopette, la revoilà! Un, deux, trois, quatre, cinq souffles et dans un élan gracieux elle plonge et montre sa queue. À l’horizon, deux bouts d’arc en ciel ajoutent à la féerie du décor.//

Je déteste le camping, mais pas ici. Les nuits sont aussi spectaculaires que les journées. Des pluies d’étoiles filantes superbes qui traversent parfois le ciel d’un bord à l’autre ou encore semblent plonger directement sur nous – des p’tites boules de feu qu’on voit s’éteindre en entrant dans l’atmosphère. La grande ourse est énorme et paraît beaucoup plus proche ici, on voit très bien passer la base spatiale et d’autres satellites. On s’endort au son de souffles de baleines, parfois littéralement explosifs, on dort comme une bûche et c’est un autre souffle qui nous réveille le matin. On a droit à des levers de soleil magnifiques. Des fois, c’est un voisin inconnu qui te tape sur la tente à 6 heures du matin – « Réveillez-vous, il y a quelque chose d’extraordinaire devant ». Ce fut le cas un matin alors que deux baleines à bosse s’accouplaient devant le cap; pendant plus d’une heure, on est tous restés là, bouche bée, dans un silence et un émerveillement déconcertant, plongés dans l’Immensité, dans le Mystère. Nous étions « UN ».

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Il y a plein de revenants comme moi au Paradis marin. On arrive ici et on connaît donc plein de monde. Certains deviennent de bons amis, c’est le cas pour Pascale, Sylvain et moi.

---- Matakon gasoline à Wemon

            C’est Shanouk qui nous raconte ça au bord du feu. Shanouk, c’est le fils de Sylvain. Depuis le temps que j’entendais parler de ce charmant ado autochtone, cette année, je l’ai rencontré. Il habite dans la réserve de Wemotaci, qui signifie « la montagne d’où l’on observe », à 107 km au nord de La Tuque. Les jeunes de cette communauté y parlent un mélange de français et d’Atikamekw. Entre deux étoiles filantes, Shanouk nous dit « Matakon (prononcé metegoun) gasoline à Wemon ». C’est du fran-tikamekw!! Ça veut dire « il n’y a plus d’essence à Wemotaci » (le poste d’essence a fermé).  S’ajoute donc au charme du Paradis marin une leçon d’Atikamekw à la belle étoile– « atcikoc » (prononcé aticouche), ça veut dire étoile, « micum » (orthographe non vérifiée, prononcé michoum), c’est grand-papa. Baleine? Pas de mot pour dire baleine puisque là-bas ils sont loin des baleines, ça n’existe pas pour ainsi dire. Ce n’est donc pas nommé. Shanouk m’explique qu’ils se débrouilleraient probablement en disant  « micta names » qui veut dire gros poisson. L’Atikamekw n’a que seize lettres dont quatre voyelles.

            Voilà donc pour « En direct du pays des baleines ». Rendez-vous la semaine prochaine, même poste, même heure!

 

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Une lecture divertissante en autobus!

 

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