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Et si demain...       Carolle Bertrand
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13 avril 2014

Comme ci et comme ça

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Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 9 avril 2014

     « Ils sont tous pareils… » Les préjugés ne manquent pas. Ce doit être un mécanisme de protection. Je me rends compte de plus en plus à quel point ces ‘jugés d’avance’ influencent les relations interpersonnelles/culturelles/sociales/etc. La Vie, pour une raison que j’ignorais alors, m’a menée un jour à travailler en équité en emploi.  C’est un domaine légiféré. La Loi sur l’équité en emploi s’applique à la fonction publique et à une partie du secteur privé; elle vise (seulement) quatre groupes qui, à travers l’histoire, ont été la cible de préjugés et désavantagés dans le domaine de l’emploi à cause de la ‘catégorie’ à laquelle ils appartenaient – femmes, minorités visibles, Autochtones, personnes handicapée.

     Jusqu’alors préoccupée par tout autre chose dans la vie, je ne m’étais jamais attardée aux notions de droits de la personne, d’équité, de préjugés. Ô, non parce que je n’avais pas été victime de ces injustices, mais probablement surtout parce que, en réalité, je ne savais tout simplement pas que j’avais des droits (de la personne!). Ça peut paraître étrange pour certains, mais ce sont des concepts qu’on apprend quand on est très jeune. Pas appris, pas intégré!

     Voilà que la Vie, avec toute sa finesse, a décidé de me payer pour m’installer jour après jour devant un écran d’ordi et en apprendre sur les droits fondamentaux de l’être humain. J’ai fini par sentir son clin d’œil, j’ai fini par comprendre.  

Je me suis donc mise à remarquer de plus en plus les injustices autour de moi, dans notre p’tite vie de tous les jours. Je me suis mise à m’indigner (plus qu’avant) quand j’entendais des hommes parler des femmes en disant « Ah, les femmes, elles sont toutes pareilles! Il ne faut pas leur laisser une carte de crédit. Elles aiment magasiner, dépenser. » Ou, pire encore, quand je me suis fait dire « Ah vous autres les femmes, vous êtes trop sensibles, vous êtes… ». Hum, voilà que parce que je suis une femme, on décide que j’aime magasiner, dépenser, que je suis trop (selon quels critères?) sensible, et tout un tralala – jugée d’avance.

     Vraiment pas plus impressionnée d’entendre des femmes dire « Ah les hommes, ils sont tous pareils, ils sont tous menteurs, enfants, profiteurs… comme ci, comme ça. » Étant moi-même une femme et que je déteste magasiner, je sais donc très bien que toutes les femmes ne sont pas pareilles. J’aime même la pêche, à m’en écorcher les jambes au printemps pour essayer de m’attraper une petite truite de 5 po ¾ et un poil! Mais, comme je ne suis pas un homme, je ne peux que soupçonner et m’accrocher à l’espoir qu’ils ne sont pas tous menteurs, trompeurs, et tout le reste. Même après avoir été mal piquée, j’ose croire que…

     Je suis une artiste (entre autre!). Ben voilà donc que Chose Bine était convaincu que j’étais sûrement comme ci et comme ça parce que les artistes sont comme ci et comme ça – des insouciants/ drogués/infidèles/instables/libertins/égocentriques/déconnectés et tout le bazar. Dans cette catégorie, les personnes seraient à la frontière folie-génie. Ouf! Une chance que j’en avais appris un peu sur les préjugés, la discrimination et la projection.

     Avec des lois comme celles sur les droits de la personne, l’équité en emploi, le multiculturalisme, on semble vouloir avancer vers une société sans préjugés. Mais alors qu’il devient donc socialement tout à fait inapproprié de parler d‘Indiens’ (faut dire Autochtones), de faire preuve de racisme en faisant des farces, en utilisant certaines expressions… vis-à-vis des minorités visibles, des personnes handicapées, etc., c’est toujours 100% accepté de dire, dans une réunion (même majoritairement ‘femmes’), « Thanks guys! » C’est toujours O.K. de faire des farces trop souvent dénigrantes à propos des femmes (ou des hommes). C’est encore O.K. de tasser plein de gens et de nuire à leur plein épanouissement dans nos milieux, parce que…

     Est comme ci, est comme ça… artiste, célibataire, divorcé, riche, pauvre, sans enfants, ex-militaire, M.B.A, français, anglais, ado, d’un âge certain, sans abri… Ils sont tous pareils. L’habit ne fait pas le moine, on l’a oublié?

     On s’y fait tous prendre et se prive du coup de faire de belles découvertes, des rencontres enrichissantes avec des êtres humains qui ont des vécus différents, intéressants, rafraîchissants, inspirants, émouvants, dignes. Mais bon, on peut comprendre, l’inconnu fait peur et on le rejette, très souvent d’emblée.

     Ya la p’tite vie qui nous sécurise, pis ya l’autre Vie, juste à côté, qui n’attend qu’une petite ouverture pour nous offrir plein d’agréables surprises.Pas tous pareils… N’empêche que ça peut me faire peur, des fois. Les clins d’œil sont bienvenus!

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