Si on changeait le nom et la date

    

Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 2 juillet 2014

Me revoilà donc, une fois de plus mon histoire de hamster vient de se faire ‘bumper’ comme on dit. De toute façon, il est comme disparu depuis un bout, je te raconterai  une autre fois. Mosusse de 24 juin… jour de déluge (Noé, où es-tu?). Le 1^er juillet, il fera probablement très beau comme d’habitude. Un peu pressé en ce moment, je n’ai que quelques minutes pour écrire et pas le temps de naviguer sur la toile pour chercher statistiques et faits, pas le temps de ‘wikipédier ‘ non plus pour l’historique. Chose certaine, on était plusieurs à se dire mardi de la semaine dernière, ce fameux 24 juin, « ouen, y mouille à scieaux, c’est normal, c’est la Fête nationale! ». Beaucoup de gens déçus – des enfants rêvaient de défiler le long de la Principale avec leurs drapeaux, vélos décorés, maquillages; des adultes avaient planifié un super BBQ. J’imagine les organisateurs trempés et débobinés. Même le soleil de la Compagnie Créole n’est pas venu à bout de cette pluie torrentielle.

                L’histoire se répète, d’année en année (ou presque), c’est l’cas de l’dire, des festivités à l’eau. Pour plusieurs d’entre nous, qui avons rejeté la religion catholique mais qui, à un jeune âge, baignions dedans et avons bien intégré le concept des punitions, il peut y avoir ces p’tites questions qui surgissent en secret dans nos têtes : « Sommes-nous punis? Serait-ce parce qu’on veut profiter d’une fête qui, à l’origine, était une fête religieuse? Parce qu’on  a osé la renommer Fête nationale? »            

La « Saint-Jean-Baptiste » (je t’ai prévenu, pas l’temps de faire des recherches, alors, c’est ce qui me passe par la tête qui s’écrit), il me semble avoir déjà entendu ça en anglais, « the St John the Baptist ». Était-il ‘Baptiste’ ou quoi?  Moi je pensais que c’était son nom de famille. Je suis mêlée. Selon ma courte mémoire pour ce genre de chose, il était le patron, le « saint » patron des « Canadiens français ». À l’époque, je m’étais imaginée qu’il était un ‘modèle’, un protecteur. Le mot patron aurait-il plus d’un sens? Aujourd’hui, on sait bien qu’un patron c’est celui qui donne des ordres, des commandements, celui qui fixe les règles et qui nous punit quand on ne les respecte pas. Le patron, donc, serait-il mécontent du fait qu’on l’écarte de plus en plus de la fête?

                La radio me raconte que des joueurs de soccer dans la Coupe du monde au Brésil s’affairent à se mordre les uns les autres. Ils se mordent, littéralement! Une chance qu’ils sont là pour nous faire rire et nous distraire cette semaine, on ne vit vraiment pas dans le même monde. Ici, on ne court pas après un ballon, les gens courent après des pompes, des ventilateurs, des déshumidificateurs, des plombiers, la Ville. Avouons qu’il y a vraiment quelque chose qui n’est pas de notre bord avec ce 24 juin.

                Moi, je propose qu’on change le nom de cette fête et qu’on en change la date. On pourrait appeler ça la « Fête de Noé », tiens, et la célébrer le 23 ou le 25 ou encore toujours le dernier lundi de juin. Des fois, ça tomberait la veille de la Fête du Canada, nos chances de beau temps seraient peut-être meilleures.

                Noé, lui, si je me souviens bien, il avait été « sauvé des eaux »! Mé vieux, c’est lui qu’il nous fait implorer! Noé, Ô Noé, sauve-nous des eaux! Mon imaginaire s’emporte. La vision arrive…

Les festivités se déroulent autour du thème d’une grande arche, l’arche de Noé, sauvé des eaux. Au parc des Cèdre, la grande scène flotte sur la rivière des Outaouais à bord du grand bateau, réplique de l’arche célèbre. Plein de beaux voiliers l’entourent. Les spectateurs, sur la rive, ont une vue à leur en couper le souffle. Le coucher de soleil est magnifique.  Un spectacle comme on n’en a jamais vu. Les manèges ont été remplacés par des animaux de toutes sortes : chameaux, éléphants, zèbres, chevaux. etc. Les enfants sont enchantés et comblés. Jeunes et moins jeunes, moyennant quelques dollars,  peuvent faire un tour d’éléphant ou de chameau. Les résidents du voisinage s’endorment au son de quelques ronflements d’animaux exotiques, de gentils hennissements par ci par là. Si jamais les dieux étaient mécontents pour une raison quelconque et déclenchaient un déluge, il faudrait, bien sûr, que les animaux soient les premiers à monter à bord de la grande arche comme le veut l’histoire.

Bon. En tout cas, c’est une idée!