"Voici une vie. Passe une belle journée!"

    

Chronique publiée par le Bulletin d'Aylmer le 12 février 2014

                Les couleurs sont à l’honneur cette semaine. D’abord les couleurs des anneaux olympiques représentant les cinq continents, le bleu pour l’Europe, le noir pour l’Afrique, le jaune pour l’Asie, le vert pour l’Océanie et le rouge pour l’Amérique. Il y a aussi les couleurs nationales que portent les athlètes qui rêvent de monter sur le podium – or, argent, bronze. S’ajoutent les couleurs de l’arc-en-ciel qui volent fièrement au vent un peu partout dans le monde en guise de solidarité avec la communauté gaie, pour protester contre la loi « homophobe et rétrograde » de la Russie. Et, tu as pu remarquer que nous baignons en plus cette semaine dans le rouge Saint-Valentin des magasins, restaurants, salons de massage et autres vendeurs de forfaits-promesses de bonheur et d’amour. Et puis, pour d’autres rêveurs, il y a les « Blue Zones », promesse de longue vie.

                Je pensais qu’à peu près tout le monde avait entendu parler de ces « Blue Zones ». Mais non, pas tout le monde, mais de plus en plus. Le Dr. Oz, toujours à la recherche du dernier miracle santé, en a beaucoup parlé il y a quelques années. Ce sont des endroits bien précis sur la planète où les gens vivent plus vieux et plus en santé qu’ailleurs, on y retrouve plusieurs centenaires. En français, l’expression « Zones bleues », est surtout utilisée en Europe et fait référence à des espaces de stationnement spéciaux; rien à voir avec la longévité, quoique, s’ils réduisent le stress, peut-être.

                En 2004, Dan Buettner faisait équipe avec des gens du « National Geographic » pour partir à la recherche de lieux où la longévité de la population était nettement supérieure à la moyenne. Les centenaires s’y retrouvaient en plus grand nombre, 10 fois plus qu’aux États-Unis. Ils en ont découvert cinq et les ont appelés les « Blue Zones ». Ça fait appel à l’imaginaire avec un nom pareil. On s’imagine vite des endroits exotiques à l’aura bleue féérique, à l’air pur et à l’eau cristaline. Eh bien, en fouillant un peu, j’ai trouvé que l’appellation vient du fait que les chercheurs utilisaient un marqueur bleu pour identifier les endroits en question sur leurs cartes. C’est tout! Moins romantique mais ça pique quand même la curiosité. Certains vendeurs de bonheur et de paradis en profitent.

                Les cinq zones en question sont Okinawa (Japon), l’île de la Sardaigne (Italie), Loma Linda (Californie !), Nicoya (Costa Rica) et Idaria (Grèce). Alors voilà que de plus en plus de gens qui dépassent la cinquantaine et commencent à ressentir quelques bobos ici et là leur rappelant que leurs corps vieillissent zyeutent ces paradis. Qu’ont-ils donc de spécial? Est-ce l’air? Une énergie quantique mystérieuse? Doit-on s’empresser de s’y rendre pour renaître miraculeusement?

                Désolée, c’est le style de vie! Par exemple, le secret de longévité des Okinawaïens serait de : se découvrir une bonne de raison de vivre, avoir un but dans la vie et maintenir des liens familiaux forts; demeurer actif et se faire un jardin qui nous force à bouger, entre autre; avoir son jardin d’épices, dont le gingembre et le curcuma qui ont des effets très bénéfiques sur la santé; manger surtout des légumes frais; manger seulement jusqu’à ce qu’on soit à 80% rempli; et « sourire! », peu importe les épreuves.

                La recette de longévité des Sardes est de : manger principalement de la nourriture à base de plantes, incluant les légumineuses et boire du lait de chèvre; faire de sa famille une priorité; respecter et célébrer les aînés; marcher; boire un verre de vin rouge par jour, le Cannanau en particulier pour sa haute teneur en antioxydants; et  rencontrer ses amis pour rire ensemble à tous les jours.

                Finalement, ces jeunes vieux ont tous des recettes semblables et c’est le style de vie qui fait toute la différence. Rien ne sert donc de faire ses valises, sans oublier son iPad, iPhone, iTune, et s’empresser vers ces oasis à moins de vouloir y aller pour réellement emprunter leur mode de vie. La plupart sont très loin d’avoir toutes les commodités auxquelles on est habitué. Ils lavent leur linge à la main, fendent leur bois, ne courent pas, élèvent leurs chèvres… ici on est rendu qu’on n’a même plus besoin de faire l’effort d’ouvrir soi-même sa porte, on n’a qu’à passer la commande à un iKékchose et César s’ouvre! Ces gens n’ont pas l’esprit préoccupé par les REER et par des calculs à n’en plus finir pour voir quelle sorte de résidence pour personnes âgés ils pourront se payer le moment venu – ils resteront dans leur communauté, ils seront les sages que l’on respecte et à qui on demande conseil; ils auront toujours un but important dans la vie, une raison de vivre. Et aussi, toutes les raisons seront bonnes pour rire et rire encore à jamais.

                Ici, en attendant de se décider à changer de style de vie et espérer quelques années de plus, on a Candy Crush! Un jeu virtuel plein de beaux p’tits bonbons multicolores qui nous accorde 5 nouvelles vies aux 2 heures, qui permet à nos ‘vrais’ amis de se faire connaître et de nous prouver leur amitié en nous envoyant des vies supplémentaires avec un gentil message du genre « Voici une vie. Passe une belle journée! »